[Avis#16] Avis sur…Hunters ❌

Le 21 février 2020, la plateforme de vidéo à la demande Amazon Prime Video, balançait sa toute nouvelle série originale, Hunters produite par le réalisateur de Get Out Jordan Peele. Nous allons donc voir dans cet article ce qu’elle vaut.

Hunters suit un groupe diversifié de personnes chassant des nazis rescapés de la Seconde Guerre mondiale qui se sont réfugiés aux Etats-Unis. Ces nazis ont pour objectif de préparer un Quatrième Reich en infiltrant toutes les institutions de pouvoirs américaines. On suit dans cette histoire le personnage de Jonah Heidelbaum, incarné par Logan Lerman, un jeune garçon juif qui vit avec sa « Savta » (grand-mère en hébreux) à New-York. Son destin bascule le jour où sa grand-mère est assassinée froidement dans leur maison. Dans sa quête de réponse il fera la connaissance de Meyer Offerman, campé par le grand Al Pacino, un ancien ami et amant de sa Savta, et survivant de l’holocauste. Ce dernier va le mener à participer à une croisade contre les nazis infiltrés sur le sol américain qui méritent d’être châtier. On va donc suivre Jonah dans sa quête de vengeance accompagné par la troupe de chasseur de nazis de Meyer durant toute cette première saison. Nous allons donc voir dans cet article ce que vaut cette première saison. Attention critique avec spoilers !

Une vengeance justifiée

Hunters choisi la solution la plus facile pour justifier une histoire de vengeance. Nous suivons un groupe de chasseurs traquant des nazis pour venger la mémoire de 11 millions de Juifs. Tout le monde (enfin les sains d’esprits) détestent les nazis et en faire les méchants de cette histoire permet de rendre la croisade vengeresse des personnage plus juste. Au cours des 10 épisodes qui composent cette saison, on nous rappelle avec les personnages de Ruth et Meyer jeunes ou du couple Mindy (Carole Kane) et Murray (Saul Rubinek), toutes les horreurs que les nazis ont fait aux Juifs pendant l’holocauste. Le personnage de Jonah va prendre connaissance de toutes ces choses ce qui va participer à un processus de « déshumanisation des nazis » et donner une justification à son désir de vengeance. D’autant plus qu’il est embrigadé par Meyer qui lui fait comprendre que la chasse est en quelque sorte un héritage de sa grand-mère et la volonté de ses ancêtres. On suit ainsi l’embrigadement d’un jeune homme dans un groupe terroriste. Le massacre des criminels nazis est juste car ils ont tués des millions de Juifs, donc les tuer c’est rendre service au peuple juif. C’est dans cette vision que Meyer va essayer d’endoctriner Jonah dans la chasse. Le personnage de Jonah, fasciné par cette figure charismastique, va devenir le petit soldat de Meyer. On voit tout l’endoctrinent du jeune homme dans sa façon de vouloir plaire à tout prix à son mentor et à prendre des décisions qui sont en accords avec ses désirs. Mais aussi par le fait que Jonah s’éloigne de ses amis pour se consacrer uniquement à la chasse.

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Le personnage de Batman (comme d’autres personnages de comics) est très souvent cité dans cette série et à raison. Jonah est un geek fan de comics et ces bande dessinées narrent souvent les histoires de héros en quête de justice, comme on l’a évoqué dans cet article juste ici. Batman même dans les années 70 est le plus célèbre des vengeurs masqués. Le personnage de Jonah se voit comme son héros confronté à ce même désir de vengeance et de justice après le meurtre de sa Savta et de son meilleur ami. Il va donc se poser pleins de questions sur la justice et sa légitimité à tuer des criminels même s’il s’agit de nazis. Mais contrairement à Bruce Wayne qui a pour code de ne jamais tuer qui que ce soit, sous peine de devenir comme les criminels qu’il combat, Jonah va franchir la ligne en tuant son mentor qui se révélera être en réalité le bourreau de sa grand-mère et du véritable Meyer. A la fin de la saison, le parcours initiatique du personnage est terminé et il devient un chasseur déterminé à éradiquer tous les nazis partout où ils se cachent. C’est marrant, mais le discours que prononce Jonah à la fin de la saison à savoir : » Ils sont partout. Ils sont dans les rues, ils sont à la télé, dans la politique, les conseils d’administration. Tranquillement ils s’infiltrent. C’est pour cette raison qu’on doit continuer à faire ce qu’on fait. On doit continuer à faire le mal. Parce que si c’est pas nous agissons, alors qui le fera ? » nous a rappelé le même genre de discours que proféraient les nazis à l’égard des Juifs, durant le XXe siècle et la montée au pouvoir d’Hitler (qui semble être le méchant de la prochaine saison). Comme quoi, Jonah est finalement devenu comme ceux qu’ils chassent.

Une ambiance très 70’s

Se déroulant dans les années 70, la série adopte une ambiance presque disco dans le look des personnages et dans ses décors. Le contexte de politique de l’époque est lui aussi exploité dans cette série notamment avec le personnage de Joe Torrance (Louis Ozawa Changchien) vétéran de la guerre du Vietnam encore traumatisé par cette guerre et qui en trouve une nouvelle sur le sol américain, et par Roxy Jones ( Tiffany Boone) une activiste noire vivant dans un ghetto. L’ambiance de la série est très « tarantinesque » rien que par ses effets de caméras via les zooms et les dézooms, déjà propre aux films des années 70, mais aussi dans son esthétique notamment avec les éclaboussures de sang et le rythme très effréné de certaines scènes d’actions.

Avis général

Amazon Prime Video nous propose pour la fin du mois de février une bonne série originale. Hunters nous plonge sous fond de vendetta juive à un peu nous questionner sur les bienfaits et les méfaits de la vegeance et jusqu’à où le désir de vengeance peut nous mener. Bien que la série traîne parfois en longueur ( le pilote dure 1h30 quand même) cela reste une série très divertissante avec de bons personnages et des thématiques bien exploité. Mention spéciale à Travis Leigh l’un des méchants de la série, joué par Greg Austin, qui est très convainquant dans son rôle d’aspirant nazi. On tombe parfois dans certain clichés propre aux nazis et à la Seconde Guerre mondiale et c’est un peu parfois tiré par les cheveux pour justifier la vengeance des protagonistes, mais la série reste agréable à suivre. D’autant plus que l’on apprend pas mal de choses sur l’histoire américaine et l’histoire allemande.

Note : 14/20